Bergamote83
#0
Une relation BDSM sans l'aveu de l'amour en est-elle pourtant dépourvue ?

Pour aider à la compréhension et ouvrir le débat, voici un texte que j'avais écrit lors d'une précédente et puissante relation :


"Il flottait, dans l’air, toujours entre nous, un parfum de cohésion parfaite sur toutes les attentions que l’un apportait à l’autre. Comme un pique-nique entre amis, tiré du panier, où chacun aurait déposé fièrement sur la jolie nappe blanche de circonstance, ce qu’il a préparé pour l’autre dans l’unique intention de régaler les deux.
Il m’avait écrit un jour : « ce sont déjà nos cerveaux qui baisent et c’est pour cela que c’est si bon ! ». Il avait savamment synthétisé le ciment même de cette relation unique dans laquelle chacun connaissait parfaitement et incontestablement son rôle.
Loin d’être noyée dans un pâle amour conventionnel au risque qu’elle soit polluée par l’orgueil ou la jalousie, cette union télépathique générait une forme d’addiction réciproque que chacun gérait au mieux, dans la crainte muette que l’autre transgresse la base même de cette relation fusionnelle pour la faire muter dans un sentiment « vanille », en cassant ainsi la magie du trip.
Il avait, pour se prémunir de cela, renoncé à bon nombre de manifestation de marques « d’amour » comme le baiser ou le refuge de ses bras accueillant mon corps, en fin de séance. J’en étais quelquefois frustrée mais je trouvais d’autres compensations trahissant des sentiments bien plus profonds dans son regard ou la qualité de ses caresses…
A un moment donné, lorsque la symbiose est sans tâche, chacun excuse l’autre de ses maladresses. L’animosité ou le reproche sont totalement absents d’une telle relation. Personne n’a rien « à se faire pardonner » et encore moins à justifier.
Le Maître donne le ton et rythme l’union. La soumise trouve son plaisir dans celui qu’elle lui procure à se laisser ainsi instrumentaliser à sa guise et guider au détour de ses pulsions et fantasmes.
Elle n’est en attente que de ce qu’il veut bien lui donner. Elle n’exige rien, ne réclame pas, revendique à peine ou dans une forme de négociation consensuelle. Elle renonce d’emblée, par la signature d’un acte symbolique, à ses envies et valide avec joie l’abnégation de soi.
Elle lâche prise de son propre contrôle, ainsi livrée à ses pieds, soumise mais sans passivité pour autant. Désormais, sa seule source de jouissance est placée dans les desiderata sans limite de son Maître, à qui, par choix, elle s’abandonne dans une confiance absolue.
Elle libère la chienne lubrique prisonnière de conventions ancrées en elle par une éducation vieille de plusieurs générations de bienséance dans une société judéo-chrétienne à la française !
Ainsi obéissante, elle est dédouanée de sa propre image de « femme bien sous tout rapport » car elle se soumet à celui qui exige d’elle SA vision de l’excellence, assumant leur perversité réciproque.
Ils se rencontrent dans une stratosphère décalée qu’ils ont construite ensemble, chacun tirant l’autre vers lui, pour l’inciter à creuser plus profond dans l’antre de ses vices, dans un élan de sentiments qui ne portent pas de nom, dans une forme d’amour aussi qu’ils devront apprendre à assumer.
Il la remercie subtilement de cet abandon, pas forcément dans des attitudes démonstratives qui pourraient être grossièrement ou faussement interprétées."

(extrait "au fil de l'Ô" - oct 2012)
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Bergamote83
#2
sadness83 a dit...

je pense qu'il y a forcément un peu d'amour... que la relation D/s est si extraordinaire et que je ne la pense pas dépourvue d'amour.


Merci Sadness de ton témoignage.

Ceci m'amène à une autre question : est-ce "vraiment" de l'amour ? ou "l'amour" n'est-il pas un sac fourre-tout qui engloberait la notion de dépendance et d'addiction que tu expliques si bien ?
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Bergamote83
#4
vlan01 a dit...

Pour moi, le besoin et l'addiction n'ont rien à voir avec l'amour.


Intéressante théorie. Merci de votre participation.

Ceci voudrait donc que l'on cherche à réduire la relation BDSM au besoin et à l'addiction, selon vous ?

Ma théorie tournait plutôt autour du fait qu'on appelle "amour" tout sentiment qui ne porte pas de nom et serait véhiculé par une relation BDSM.

Par exemple, "j'aime le Maître" pour sa manière de me dominer, ses techniques, ses pratiques, ses méthodes, sa façon de mener une séance...enfin bref, pour tout un tas de raisons BDSM ; en revanche, "je ne suis pas amoureuse de l'homme" parce que sa personnalité "civile", ses goûts, ses recherches, ses attentes, ses amis...sont aux antipodes des miens.

(ATTENTION : je ne parle pas de mon cas particulier ! j'entends déjà les ragots...NON merci, chez nous, on aime la totale de l'autre ! Wink.
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#5
Bergamote83 a dit...


Par exemple, "j'aime le Maître" pour sa manière de me dominer, ses techniques, ses pratiques, ses méthodes, sa façon de mener une séance...enfin bref, pour tout un tas de raisons BDSM ; en revanche, "je ne suis pas amoureuse de l'homme" parce que sa personnalité "civile", ses goûts, ses recherches, ses attentes, ses amis...sont aux antipodes des miens.

C'est de l'ordre de l'incompréhensible pour moi, et intellectuellement et émotionnellement.
Je ne comprends réellement pas comment on peut morceler ainsi l'autre, ni donc comment on peut se cloisonner ainsi soit même.
J'aime l'autre (ou pas) comme un et indivisible, tout comme je le suis.
Clairement, je suis incapable d'une relation avec quelqu'un dont la personnalité, les goûts, etc, sont aux antipodes des miens. Appliqué à moi, cette situation me paraîtrait artificielle, grave source de déséquilibre, malsaine...

La place de l'amour, la place qu'on lui accorde (qu'on s'autorise à ?), et qui n'est pour moi pas du tout lié au type de relation vanille ou bdsm, juste lié à 2 êtres humains en collision, est une donnée importante à prendre en compte et à mettre en discussion, très tôt. Ce statut de la relation bdsm, ce statut autorisé à l'autre dans la relation, est un des points les plus clivants selon moi, bien avant une liste sans âme de pratiques éventuelles, bien avant la démonstration d'un savoir-faire technique, bien avant une masturbation éphémère des cerveaux en présence...
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Lise___
#6
vlan01 a dit...

Je savais bien que ce "je suis" méritait un développement. Smile

Il n'a dans mon esprit pas besoin de complément, et surtout pas "je suis une soumise", ou "la soumise de XX"...

Je suis = je suis moi, moi tout entier, cet être profond, cette âme, débarrassée de tout égo, besoin, addiction...

Quand j'en arrive là, alors je peux dire: Je ne "veux" rien, je suis.


--> excès de tisane!

vlan01 a dit...

Pour moi, le besoin et l'addiction n'ont rien à voir avec l'amour.

L'amour réel, tel que je le conçois, est détaché, on "aime" l'autre même s'il nous quitte, ou ne partage pas notre amour.


Oui on peut aimer sans réciprocité (ça peut faire mal il parait d'ailleurs) et oui on peut aimer même post rupture, aucun doute la dessus Vlan. Par contre, je reste dubitative sur "le besoin et l'addiction n'ont rien à voir avec l'amour."
Quand j'aime, cela déclenche spontanément des besoins (et pas que sexuels, je vous vois venir lol): d'échanges, de contact, se voir, se parler. Et ça dérive systématiquement en une sorte d'addiction. Pas forcément toxique au demeurant, mais qui me fait aussi dire que si je ne ressens plus ce besoin, cette envie (on peut épiloguer longuement sur ces deux termes de marketeurs je sais) et bien c'est tout simplement que je n'Aime plus. Par contre je peux toujours grandement aimer, apprécier la personne.
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renaiSSance31
#7
Je suis soumise de par mon esprit et faire don de moi ne peut se faire que dans le respect, la confiance et l'amour que j'aurai envers mon Guide.
Tout ce que j'ai dépassé et donner ne pourra se faire que par dévotion envers le Maître, mais pas seulement cela, des moments de complicité, des rencontres de vie tout à fait normales sauront aussi le lien invisible entere nous.

Après je crois et je suis persuadée pour avoir vécu cela que l'on peut aimer son mari et son Maître si l'on met d'entrée une barriere sans vouloir refaire sa vie.

Mais Bergamote je sais que je ne suis à l'abri de rien .....
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Bergamote83
#8
M-achets a dit...

@berga / pardon si nous polluons votre topic... on effacera ...


Non...du tout ! je vous lis tous avec attention.
Je m'imprègne du "climat" pour faire une réponse/synthèse à tous.
Poursuivez, je vous en prie.
Smile
Soyez la première personne à aimer.
Bergamote83
#9
rami31 a dit...

J'ai des sentiments pour Lui, mais je suis mariée à un autre et amoureuse de mon mari qui ne peut m'apporter ce que Lui m'apporte! Autre forme du verbe Aimer, autre sens, difficile à expliquer, à exprimer, envie, besoin, fantasme, respect, plaisir, réalité, fatalité...


Attention : le mariage ne rend pas étanche à l'amour ! Un jour, le Maître manque...le mari encombre...c'est le risque ! (du vécu... Unhappy)
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Bergamote83
#10
Irene a dit...

C'est de l'ordre de l'incompréhensible pour moi, et intellectuellement et émotionnellement.
Je ne comprends réellement pas comment on peut morceler ainsi l'autre, ni donc comment on peut se cloisonner ainsi soit même.


Le cloisonnement auquel vous faites référence (avec brio d'ailleurs, bravo !) n'est que la résultante de deux êtres qui partagent la même enveloppe. Je m'explique :

Sans aller jusqu'à dire que je souffre d'une grave schizophrénie, je suis la SOUMISE et la FEMME (comprenez la collègue, la maman, l'amie, la fille de, la voisine, la copine...bref tout ce qui fait une vie "civile"). C'est selon, suivant le moment ou le/les personnes que je côtoie à un instant T, vous l'aurez compris.

Dans cette relation BDSM (pas celle d'aujourd'hui, hein ??), je n'allais chercher que LE Maître, peu importait QUI l'habitait en réalité. Il me dominait bien. Nous en tirions un grand plaisir partagé. Quoi demander de plus au BDSM...

J'ignorais même qu'il était possible d'être autorisée à aimer et d'aimer. Unhappy

La rencontre avec Masterlau a été toute autre. Il m'a dit "je n'ai pas peur des sentiments que tu me donnes, je les connais, je les partage". D'un coup, je me suis surprise à "ouvrir les vannes" et cesser de conditionner mon esprit dans un "non-amour".

Sauf que Masterlau cherchait une relation BDS'aime...et que là, la donne n'était plus la même ! Tout était permis, y compris AIMER, SURTOUT aimer (j'ai envie de dire) parce que Masterlau partage le même avis que vous Elle.a.

Pourtant, nous y trouvions beaucoup d'avantages tous les deux. Une certaine forme de liberté (non surveillée) et le plaisir de partager ensemble ce que nous faisions le mieux.

Je pousserais même le raisonnement plus loin en disant que si Masterlau n'était pas D'ABORD mon Maître, il ne serait sûrement pas mon compagnon. Ce n'est pas le genre d'homme que j'aurais choisi pour partager un quotidien... ça interpelle tout de même ! ... Smile
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Bergamote83
#11
renaiSSance31 a dit...

Je suis soumise de par mon esprit et faire don de moi ne peut se faire que dans le respect, la confiance et l'amour que j'aurai envers mon Guide...

Après je crois et je suis persuadée pour avoir vécu cela que l'on peut aimer son mari et son Maître si l'on met d'entrée une barriere sans vouloir refaire sa vie.


Merci Renaissance de ton témoignage qui apporte un peu d'eau à mon moulin.

Si je te comprends bien, tu fais un distingo entre l'amour que tu portes à ton Maître et celui que tu as pour ton mari.

Cela veut-il dire que ce n'est pas le même "amour" (pas la même forme en tout cas) ?

OU que tu aimes les deux de la même manière ?

Même dans une relation "sans amour AVOUE" (et la notion d'aveu a son importance), la rupture peut être douloureuse, il faut le dire !
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renaiSSance31
#12
Bonjour Bergamote,

L'amour comme dit rami peut être différent suivant l'être qui est face à nous.
Comme je t'ai déjà dit, je ne saurai être totalement heureuse ailleurs en sachant que j'ai rendu mon mari malheureux.

Je pense être capable de voir le bonheur de l'autre avant le mien et cela en 10 ans ne m'a pas empêché d'aller loin dans ma soumission.
Après je ne vois pas la soumission comme une version vanille de ma vie, mais comme une alchimie avec une personne capable de m'emmener dans des perversions aussi bien mentales que physiques.

J"ai souffert de ma plus longue relation, j'ai mis plus de deux ans à cicatricer, mais je savais dès les départs ce qu'était ma recherche.

Peut-être ne suis je pas dans le véritable don de moi qui est de l'être constamment, mais j'ai vu aussi beaucoup de couples bdsm qui au bout de quelques années n'étaient plus qu'un couple vanille et finissaient par se séparer.

Il n'y a pas de relation vraie ou fausse, il y a juste ce que nous cherchons et avec qui nous le construisons.
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Bergamote83
#13
renaiSSance31 a dit...


Il n'y a pas de relation vraie ou fausse, il y a juste ce que nous cherchons et avec qui nous le construisons.


Loin de moi l'idée de taxer une relation de "vraie" ou de "fausse"...
Soyez la première personne à aimer.
renaiSSance31
#14
rassures toi Berga, je te connais assez pour savoir que tu ne penses pas cela, mais sache que bien d'autres pensent autrement.
Dernière modification le 23/06/2015 10:24:51 par renaiSSance31.
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